Le débat est à peine lancé et déjà on s'accorde tous à dire qu'on n'est d'accord avec personne.
Rien que ce désaccord consensuel justifie le débat.CQFD ;)Sérieusement, ça me paraît utile pour notre Société de crever l'abcès en clarifiant cette notion d'identité nationale sur des bases saines déblayées de notions distinctes qui viennent polluer le débat, telles que patriotisme ou nationalisme, que le Front National essaye d'amalgamer.Ainsi, contrairement à ceux qui croient que le débat fait le bonheur du FN, je pense qu'il lui est en fait potentiellement mortel.Ma contribution sera celle-là, toute simple: notre identité nationale, celle qui fait qu'une personne est française, c'est d'une part l'adhésion de cette personne à nos règles républicaines faites de principes, de droits et d'obligations et d'autre part son acceptation par la France en tant que français.Les règles de la République, elles sont toutes écrites et figurent toutes dans le "bloc constitutionnel" tel que protégé par le Conseil Constitutionnel. Je ne parle pas des lois, qui viennent organiser la façon dont nous vivons ensemble, mais qui ne nous définissent nullement comme français.Le texte de la Constitution de 1958 fait partie intégrante du bloc constitutionnel, mais pas seulement. Il y a aussi tous les textes fondamentaux de notre République, à savoir:- la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789- le préambule de la Constitution de 1946 qui inclut les droits sociaux et économiques, mais aussi tous les principes politiques, économiques et sociaux particulièrement nécessaires à notre temps
- la Charte de l'environnement de 2004
- et bientôt les droits "modernes" sur lesquels travaille la commission Veil.Alors voici en vrac quelques éléments qui nous identifient en tant que français et qui résultent directement du bloc de constitutionnalité:Les droits naturels et imprescriptibles
de l'homme:
- liberté
- propriété
- sûreté
- résistance à l'oppressionLes principes:
- liberté (individuelle, d'opinion, d'expression, de conscience, d'association, de la presse, d'enseignement, du commerce, de l'industrie, syndicale, etc.)
- égalité (en droits, des droits hommes-femmes, devant la loi, le service public, l'impôt, les charges publiques, etc.) sans distinction d'origine, de race ou de religion
- fraternité
- laïcité, respect de toutes les croyances
- protection de la santé, sécurité matérielle, repos, loisirs garantis par la Nation
- droit d'asile des étrangers L'organisation politique, la loi, la justice:
- démocratie, gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple
- République une et indivisible en son territoire
- séparation des pouvoirs
- non rétroactivité de la loi
- justice (présomption d'innocence, droits de la défense, etc.) Les droits et obligations:
- droit de vote
- devoir de travailler et droit d'obtenir un emploi, sinon indemnité de chômage
- devoir de contribution à l'action publique (impôt)
- droit à l'action syndicale, droit de grève
- droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé
- devoir de protéger et d'améliorer l'environnementMais on comprend tout de suite pourquoi l'adhésion à ces règles ne suffit pas pour être revêtu de l'identité nationale.Un étranger peut parfaitement adhérer à l'ensemble de ces règles: s'il est ainsi français dans l'âme, il ne devient pas pour autant français au regard de la France.Pour cela, il faut que l'étranger soit reconnu et accepté comme français par la communauté nationale conformément aux règles de naturalisation qui résultent de la loi.Et enfin, si un français refuse un ou plusieurs éléments de l'identité nationale ? Libre à lui d'acquérir une nationalité étrangère et de répudier sa nationalité française.En tout cas, pour moi, il n'y a aucune notion d'amour, de dévotion, ni de mort pour la Patrie et encore moins de supériorité de la France dans l'identité nationale. Ce n'est ni du patriotisme ni du nationalisme, mais un état (pas un Etat).L'identité nationale, on la choisit et on vous la donne. Ou on la rejette.Et lorsqu'on l'a, on peut participer ensemble à sa définition et à son évolution. Le bloc de constitutionnalité n'est pas figé dans le temps, il évolue dans notre temps avec nous.D'où l'intérêt d'un débat :)